Le Corps et l’Argent – Ruwen OGIEN

Thème

Donner de soi…

Une citation

Selon cette tradition, le don un bien car il est altruiste, et l’échange contre de l’argent un mal car il est le don est un bien car il enrichit les relations humaines, et l’échange contre de l’argent un mal car elle les appauvrit. Mais cette vision binaire est contestable et de plus en plus contestée Il y a des cas où le don n’est pas un bien (certaines formes de charité par exemple) et d’autres où l’échange contre de l’argent n’est pas un mal (le versement d’un salaire plutôt qu’un paiement en nature par exemple)

Le Livre en quelques mots

L’Argent, cette chose malfaisante et déshumanisante qui monnaie l’Âme, le Corps et ses attributs… Enfin, c’est ce qu’on veut parfois nous ancrer dans la tête. Dans cet ouvrage, Ruwen OGIEN nous guide sur d’autres pistes de réflexion…

Ce que j’en ai pensé.

Deux impressions persistent sur ce livre, et correspondent aux deux parties de l’analyse de Ruwen OGIEN.

La première prépondérante pose les mots du débat, leurs définitions et implications philosophiques, psychologiques et sociales. Ruwen nous éclaire sur les notions de propriété de soi-même,  de libre-disposition de soi et sur l’utilité sociale. Il aborde également les subtilités entre métier légal, illégal et les non-métiers… Toutes ces explications servent à acquérir des bases communes avant d’embarquer dans son analyse même s’il préfère « choisir une méthode plus pragmatique, moins prisonnière de l’idée qu’il est nécessaire de trouver des fondements à nos idées morales pour les justifier. C’est bien ce que je compte faire. Je partirai du constat que la liberté de donner quelque chose de son propre corps est très largement acceptée, pour toutes sortes de bonnes raisons morales et non morales. Et je me demanderai si ces mêmes raisons ne pourraient pas servir à justifier également le droit d’échanger quelque chose de son propre corps contre un paiement.  » (P.17)

A partir de là, on apprend beaucoup grâce à la richesse des références, des notes et commentaires au coeur de l’écrit ainsi que dans les notes de bas de page. Au niveau historique par exemple, il fut un temps où les professeurs n’avaient pas le droit d’être payés pour leur activité, car le savoir était divin et ils ne pouvaient jouir d’un salaire. Ou bien le fait que les chanteurs d’opéra étaient appréciés lorsqu’ils chantaient gratuitement, sinon ils se trouvaient traités de … putain.  Nous en apprenons également d’un point de vue législatif, à savoir que la prostitution serait avant tout un problème de voirie (P.25). Ruwen expose des témoignages avec toute la part de subjectivité que cela comporte, et des faits pour ne pas nier ses aspect tout en marquant le peu d’intérêt dans un débat. (P.29) Le philosophe élabore ses théories et expose ses idées avec des allusions à des commentaires qu’ils lui sont faits. J’ai particulièrement apprécié qu’il avoue ne pas avoir pensé à tel aspect ou reconnaisse la pertinence de certains arguments qui lui sont opposés tout en précisant qu’ils ne pouvaient le développer à cet instant. J’ai trouvé cette démarche très humble en fait.

En poursuivant le débat, il aborde des idées plus pragmatiques : Si l’on reconnaît le métier de Travailleur du sexe, quel diplôme, quelle qualification? Un chômeur pourra-t-il perdre son droit s’il refuse d’exercer cette profession? Et l’argent finalement, a-t-il sa place dans les relations sexuelles? Ne sera-t-il pas responsable d’une modification des rapports intimes?

Ruwen OGIEN décortique également certains mots qui définissent déjà les limites du débat : La Marchandisation, par exemple. Galvaudé, ce mot n’empêche-t-il pas une ouverture du débat? Ne limite-t-il pas la discussion à la pensée de celui qui a créé le mot, à savoir Kant ? D’ailleurs, un point sur lequel j’ai particulièrement accroché : la référence à 1984 de Georges Orwell avec les mots et leur pouvoir de conditionner un débat, un état d’esprit, un mode de pensée…

Toute cette partie est très intéressante, même si certaines phrases doivent être lues plus d’une fois pour en comprendre le sens et l’essence. Ceci est moins évident dans la seconde partie, où la réflexion semble être en marche, entraînant par la même occasion des tournures plus ardues à suivre.

Celle-ci aborde le don d’organes, et cette « marchandisation » avec des arguments très intéressants.

En voici un. Ruwen OGIEN n’assimile pas le don d’organe à une relation sexuelle, mais fait réfléchir sur l’impact de l’argent dans une relation. Les interactions entre ces deux sujets touchant au corps sont enrichissants. Un don d’organe n’entraîne pas d’échange d’argent, il serait donc plus « noble ». Pour autant, est-il réellement plus altruiste que le souhait de procurer du bien-être à travers une relation sexuelle tarifée? Imaginons la situation de la seule personne compatible avec le malade. Cette personne-là se retrouve entre atteindre son intégrité, accepter de se mettre en situation inconfortable en devenant malade, et vivre avec l’idée qu’il décide de la vie ou de la mort d’un proche… L’argent n’entre pas en ligne de compte, pour autant le choix d’accepter de donner est-il plus sain, plus évident, plus moral, plus sincère ? N’est ce pas le poids de la culpabilité qui fait pencher la balance ? Peut-on reprocher à une personne de ne pas vouloir donner son rein ou autre? La relation affective n’est-elle pas plus emprisonnante qu’un lien établi et défini par une transaction qui s’achève suite à un contrat équitable ?

Les réflexions sont assez intéressantes, mais souffrent de multiples redondances. Peut-être que ma formation professionnelle où j’ai abordé le don d’organes (et ses enjeux), favorise ce sentiment ? J’avoue ne pas savoir faire la différence… Cet aspect a d’ailleurs entraîné une petite panne de lecture dans le genre Essai, mais il me pousse à poursuivre avec Prostitution et Dignité de Norbert CAMPAGNA, que je vous présenterais bientôt et que Ruwen cite beaucoup par ailleurs. Il est également à noter que ce livre reste un bon complément à ma lecture précédente : La Putain et le Sociologue d’Albertine et Daniel WELZER-LANG.

Je remercie les Editions de la Musardine et le forum Au coeur de l’Imaginarium pour ce partenariat qui me laisse une impression positive par le nombre de réflexions mobilisantes qu’il a amené.

 

La Putain et le Sociologue – Albertine & Daniel WELZER-LANG

Thème

Quand je serais grande, je prendrais soin des autres…

Une citation

Je produis du plaisir de la jouissance, de l’orgasme, donc de la détente et du bien-être

Le Livre en quelques mots

Albertine, escorte de luxe. Daniel, sociologue. Un duo qui fait réfléchir sur le travail du sexe, ses mutations, ses particularités et ses analogies avec des métiers reconnus.

Ce que j’en ai pensé.

Dès le début, grâce à une introduction nécessaire, nous connaissons les deux interlocuteurs, la façon dont ils ont construit leur relation en dehors et à travers ce livre. Les intentions, les modalités, le genre d’attraction qui s’exerce entre eux aussi. Et vous pouvez d’ores et déjà mettre de côté une hypothétique relation charnelle. Oui, ils l’abordent. Dans cette introduction, à la place de non-dits, de doutes ou de suspicions, se trouvent les bases d’une communication réelle. Et cela portera ses fruits tout au long de cet échange.

Albertine et Daniel partagent des valeurs et n’hésitent pas à se positionner franchement notamment par rapport aux Moralisateurs et à la notion de travail, au mariage et au positionnement catholique comme dans ce passage :  Depuis que l’Eglise catholique adhère officiellement au féminisme, elle fait des violences faites aux femmes son leitmotiv pour dénoncer les pratiques sociales contraires à sa morale. (…) Si l’on suit cette logique – l’interdiction des pratiques sociales qui contribuent aux violences sexistes-, on aimerait entendre ces entrepreneurs de morale réclamer : L’interdiction du mariage ou de la vie de couple, contextes dans lesquels s’exercent principalement les violences faites aux femmes : une femme sur vingt a été violentée physiquement dans les douze derniers mois. Une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les deux jours et demi. (P77-78)

Là ou les sociologues s’arrêtent à un état des lieux comme le dit Daniel, « Les sociologues osent rarement dépasser cette remarque. On constate la lacune, on la signale au passage… Et cela s’arrête là. Au mieux, le texte publié décrit de manière ethnographique quelques situations, comme je l’ai fait dans La planète échangiste. » (P125), Albertine y pose des mots réels et crus, non crus comme on peut l’entendre, mais justes, factuels et techniques. Les émotions dans tout ça, vous me direz? Elles ont aussi toute leur place, là réside la force de son écrit. Il y a d’ailleurs une très belle analyse de Daniel quant à la pudeur, la gêne et le désir qui s’invite.

Albertine nous parle de son métier et de tout ce qu’elle mobilise : l’Amour du corps, des techniques sexuelles et du bien-être, un sens prononcé de la psychologie avec une écoute de l’autre, une communication essentielle mais aussi des règles à respecter, un cadre défini, des droits et devoirs, des compétences et des prestations en fonction, les moments appréciés, l’épanouissement personnels et les tâches plus compliquées à effectuer comme dans tout métier finalement. Tout ce qu’elle aborde dans sa réalité, permet de distancer si ce n’est tous, au moins une bonne partie des préjugés. Tout dépend du nombre de préjugés avec lesquels nous entamons cette lecture…

Certain(e)s d’entre nous peuvent être dérouté(e)s par certaines analogies. Prenons un exemple :

Traditionnellement, les femmes étaient censées s’oublier pour s’occuper de l’autre (mari, l’amant), l’aider et le satisfaire. Cette vision évolue de nos jours vers un modèle plus égalitaire. De fait, il semble qu’au moins dans un premier temps, avant que l’habitus ne reprenne le dessus, femmes et hommes s’écoutent, essaient d’accorder leurs désirs aux possibilités, à l’état physique, mental et érotique de l’autre.
Pour Albertine, la problématique est plus simple en professionnelle devant offrir un service de luxe, il lui faut prendre en charge, rassurer, accompagner, aider, soigner le client. Cette dimension émotionnelle entre en ligne de compte dans d’autres métiers typiquement considérés comme naturellement féminins : caissières de supermarché, infirmières, etc. C’est un travail invisible, en général non valorisé et non payé comme tel. Pour l’escorte de luxe, il fait sciemment partie de la prestation, sans doute de manière centrale.

Et un deuxième :

En empruntant à l’anglais, nous avons pris l’habitude de distinguer deux facettes du soin : le cure et le care. La première indique des pratiques pouvant assez facilement être décrites, la seconde une attention ou une sollicitude envers la personne concernée. En santé, la première vise la maladie, la seconde le malade.

Le premier passage est issu du livre (P137), le dernier passage d’un colloque Le soin aujourd’hui : questions vitales et textes clés, qui s’est déroulé le 23 janvier 2015, et dont parle cet article sur le site Infirmiers.com. A savoir que des débats ont déjà lieu sur le métier d’assistante sexuelle pour les personnes en situation de handicap, interdit en France. Pour aller plus loin, vous pouvez poursuivre avec cet article sur ce sujet, ainsi que des lettres officielles pour défendre cette activité.

Albertine soulève donc cette notion du bien-être et de l’importance de la sexualité. Et si vous rencontrez des difficultés à l’aborder en tant que travail, elle propose une autre interprétation avec élégance : « Je suis en quelque sorte une faiseuse d’orgasme, idée qui me plaît bien. Je donne à avoir des orgasmes à mes partenaires et à moi-même. Il s’agit néanmoins d’une production, artisanale certes, mais une production. Peut-être devrions-nous d’ailleurs envisager le travail du sexe comme une production de jouissance dans un monde tellement préoccupé à produire quelque chose. Je produis du plaisir de la jouissance, de l’orgasme, donc de la détente et du bien-être. » (P141 et P150)

Si l’on parle de la notion de vie professionnelle, il faut donc aborder la vie personnelle. L’impact sur la vie privée d’un travailleur du sexe est non négligeable. Se sentir obligé de définir ses amoureux comme n’étant pas des clients, comme si l’on ne pouvait pas lui attribuer des relations non tarifées en dehors de son travail… En tout cas, c’est ce que la loi fait, en menaçant tout compagnon de proxénétisme. La femme publique n’a pas le droit au privé, à l’intime. L’activité peut être acceptable socialement si elle est présentée comme passagère et nécessaire pour payer des études hautement plus « glorieuses », mais s’y investir est vouloir en vivre devient honteux, révélant une sorte de manque d’ambition ou de perversion car, comment peut-on monnayer son corps ?

C’est ce que je tenterais d’éclaircir dans mes lectures suivantes, avec Le corps et l’argent de Ruwen OGIEN, et Prostitution et dignité de Norbert CAMPAGNA, édités aux mêmes éditions. La Putain et le Sociologue est une collaboration riche en questionnement, en éclaircissement. Une ouverture d’esprit et un regard critique sur un sujet tabou, voici ce qu’on y trouve…

Je remercie les Editions de la Musardine et le forum Au coeur de l’Imaginarium d’avoir proposé ce partenariat lu en une journée…

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Les Filles bien n’avalent pas – Marie MINELLI

Thème

La sexualité au Féminin

Une citation

Les femmes sont comme des miroirs, elles réfléchissent mais ne pensent pas. Arthur Schopenhauer est comme un appareil photo bas de gamme : il produit des clichés tout pourris.

Le Livre en quelques mots

Des idées reçues à envoyer valser

Ce que j’en ai pensé.

Dès la réception, j’avais ouvert au hasard pour avoir une première idée de ce livre au format agréable et à la couverture sobre et sympa. Je suis tombée sur l’Idée reçue 14. Un humour savamment dosé. Du sarcasme. J’ai souri franchement et me suis dit que si le livre maintenait ce rythme, ça allait me plaire. J’ai donc repris le livre à partir du début pour les besoins de la critique et ne pas passer à côté de quelque chose par trop d’allers-retours.

Dès l’introduction, Marie MINELLI vous titille, vous pique, vous fait esquisser encore un sourire parce que les choses écrites ont toutes été entendues un jour ou l’autre. Oui, le conditionnement est vraiment bien installé dans la Société!
Par la suite, ce sont 35 idées qui sont détaillées. La majorité de ces 35 idées sont décrites au moyen d’un texte léger, sarcastique, et agrémenté de petit bonus variables d’une idée à une autre : Témoignages, Sondages, Etudes Scientifiques, Graphiques, Tableaux, Top-list, Photo re-visitée, Références Musicales ou Cinématographiques, Citations célèbres et re-visitées aussi…

Dans ces 35 idées reçues, vous trouverez plusieurs thèmes :

– La relation Homme/ Femme en dehors du Sexe : le Romantisme face au Machisme (trop souvent confondue avec la Virilité), la Violence conjugale (Et même si ce n’est pas le propos du livre, je trouve intelligent d’y glisser un petit mot sérieux à ce sujet), les Inconnus deux heures avant (ou moins) et la rencontre avec le Prince Charmant, la Drague de rue (On ne confond pas avec le harcèlement!), le Pouvoir.
– L’accession au plaisir : la Masturbation (avec ou sans utilisation du Porno), les Préliminaires (ou leur absence!), le Cunnilingus (Cunnilinctus d’ailleurs si on s’en réfère au Dictionnaire des Fantasmes et Perversions de la Musardine), la Fellation, la Sodomie, l’Ejaculation faciale, la Spermophilie. (Parce que les filles bien n’avalent pas et ne parlent pas mal non plus… Enfin on en reparlera à la fin du livre)
– Les Fantasmes : Ses Potes, Lesbianisme, le Lieu (surtout celui à éviter)
– Les Attributs : Odeurs, Beauté et Mannequinat, Epilation, Taille du Pénis, le Clitoris,
– Ce qui refroidit Monsieur : la Grossesse, la Ménopause, les Règles,… (mais qui n’empêche pas Madame d’avoir des envies sexuelles!) et les Excuses qu’on peut utiliser pour le glacer instantanément (Idée 30)
– Divers : Gynécologue et Pilule, Performances décrites aux copines, la Maniaquerie, le Féminisme.
– Et ceux dont la présence m’ont paru étrange, incongrue : la Bouffe (Idée 22 : Un essoufflement dans l’humour, l’inspiration ou dans la lecture peut-être? En tout cas, aucun sourire particulier à la lecture), la Jeune Femme Musulmane (Idée 31 : Pourquoi une religion particulièrement mise en avant dans le texte et les témoignages, même s’il est à noter que les autres religions sont citées à la fin du texte, j’aurais joué sur le multi-culturalisme dès le début), la Moto (Idée 32 : Je me pose la même question que pour l’Idée 22, un essoufflement ou alors y avait-il un nombre d’idées à atteindre particulièrement ? Ceci permettant l’émergence d’idées reçues pas réellement investies car trop peu agrémentées de bonus)

Le rythme reste soutenu, chaque idée n’est pas développée de la même façon, ni avec le même investissement (A noter l’absence de texte dans l’Idée 20 par exemple) ou encore la différence en nombre de pages (Certaines s’étalent sur 4 à 6 pages, quand d’autres restent timidement à 1 ou 2 pages). Mais au final, cette variation de rythme vous permet aussi de faire une pause lors de votre lecture « chronologique ».
Une petite remarque à propos des deux pages intitulées « Si les filles parlaient comme les mecs » et « Halte aux préjugés », celles-ci sont placées entre l’Idée 33 et 34 sans aucun lien avec l’une ou l’autre. Est-ce voulu? Ces petites interpellations auraient, à mon avis, eu davantage leur place dans la continuité de l’Idée 35 : « Les filles sont des petites choses fragiles qu’il faut protéger à tout prix ».

Par la suite, 15 idées proposées sont effleurées, caressées par un ton taquin, un sourire au coin des lèvres…
On retrouve les mêmes thèmes mais avec des sujets différents par exemple :
La Relation Homme/Femme en dehors du Sexe : Parler après l’acte, les femmes Vénales, la Promotion Canapé, la Psychologie de Comptoir, les Sites de rencontre.
L’accession au Plaisir : l’utilisation du Visuel
Les Fantasmes : les Viols (Je ne me suis pas trompée de catégorie), le Libertinage,
Les Attributs : le Point G, le Physique, l’Epilation (encore), les Talons.
Divers : le Féminisme.

La Conclusion reste un délice à lire, la plume de Marie MINELLI est fluide jusqu’au bout de son livre, et quoi de mieux qu’offrir un test-type des magasines féminins où l’on sait quoi répondre pour arriver à quel résultat, avec des recommandations personnalisées tout aussi comiques. Elle ne pouvait pas mieux finir finalement !

On se rend compte avec tout ce livre que les Médias nous conditionnent plutôt pas mal dans la vie de tous les jours. En fait, je m’en doutais forcément mais lire certains extraits (Notamment dans l’Idée 18) amènent à réfléchir. Les Médias tentent d’aborder la sexualité pour paraître ouverts et libres (Comme la Société se dit être, permettez-moi d’en douter), mais ils se retrouvent bien vite confronté au politiquement correct, et effectivement les enfants de quatre ans n’ont pas forcément besoin d’entendre parler d’éjaculation faciale au déjeuner mais alors, y a-t-il un intérêt à en parler s’il faut sans arrêt penser au public ? Pourquoi ne pas laisser les Médias qui en ont fait une spécialité, en parler librement ? Ainsi Oreilles et Yeux ne pourraient pas se plaindre d’être heurtés puisqu’ils auraient connaissance du type de contenu dès le départ. Comme lorsque l’on choisit un partenariat avec la Musardine. D’ailleurs, les Editions de la Musardine permettent cette ouverture d’esprit en toute connaissance de cause, mais aussi des émissions radio. Par exemple, je viens de découvrir Point G comme Giulia en podcast, et quoi de mieux qu’offrir la parole aux auditeurs et à leurs expériences pour partager sur les expériences aussi diverses et variées qu’il y a d’humains… (Et par la même occasion, faire voler en éclat l’idée 42 selon laquelle le Point G n’existe pas !)

Une note particulière pour l’utilisation de la Ménagère dont j’ai particulièrement aimé le détournement et la plupart de ses phrases si décalées, et osées.

Ce livre pourrait bien être l’oeuvre d’une féministe puisqu’elle prône, à raison, le plaisir des femmes, la libération sexuelle, le droit de l’exprimer comme on veut, quand on veut. (Et après avoir lu l’idée 19, vous ne pouvez plus vous risquez à déblatérer des idées reçues sur la sexualité de la Féministe Wink) Féminisme ou non d’ailleurs, peu importe le nom que l’on donne… (Et à propos de cela, le mot féministe ne doit pas être perçu comme péjoratif, je vous recommande vivement de lire/écouter le Discours intégral d’Emma Watson aux Nations Unies pour le lancement de la Campagne HeForShe)
Par contre, j’ai senti notamment au niveau de la beauté, qu’elle était suspicieuse à propos de la motivation des femmes à se faire belle, et que celles-ci le faisaient pour rentrer dans une norme. Même si effectivement, certaines sont dans cette catégorie-là, je pense qu’il y a des femmes qui aiment se faire des soins pas très agréables pour leur bon plaisir après, cela leur permet aussi de se recentrer. Bon ok, certaines le font en s’épilant, d’autre en allant au ciné, mais finalement, c’est leur choix. Ce fut le seul point où j’ai trouvé le jugement hâtif et le rejet extrême.
Parce que sinon, Marie MINELLI ne vous dit pas de faire tout ce qui est abordé dans le livre et/ou faire ce que vous n’avez pas envie pour se la jouer libérée à tout prix, non, elle ne dit pas ça. Au final, avec son humour, Marie nous envoie une Idée principale, primordiale même : Que votre sexualité / façon de vivre soit aussi unique que vous l’êtes! Vivez ce que vous avez envie de vivre réellement, sans qu’aucune conscience collective intervienne. Faites sauter les verrous, et trouvez vos clefs du plaisir. Et par la même occasion, c’est un livre que l’on peut laisser traîner à l’attention de ces Messieurs, (Conjoints, Potes, Inconnus de moins de deux heures aussi si vous n’avez pas autre chose à faire de mieux…) pour que leurs représentations évoluent tout en douceur, tout en sourire…

Ce fut une lecture sympathique, divertissante et je remercie la Musardine pour ce partenariat ainsi que le forum The Imaginarium, qui laisse libre cours à de belles rencontres et aux plus beaux scénarios !

Le Bêtisier des sites de rencontres

Thème

Rencontres en ligne…

Une citation

Range ton gland, j’suis pas un écureuil.

Le Livre en quelques mots

Les sites de rencontre recèlent bien des choses…

Ce que j’en ai pensé.

J’ai choisi ce partenariat parce que j’ai rarement l’occasion et l’envie d’acheter des Bêtisiers, et pour m’y confronter dans le cadre de la critique. A la réception, j’ai été assez surprise de la couverture. Habituée aux belles couvertures des éditions La Musardine, celle-la m’a paru bâclée comme un site de basse catégorie justement. Sur la forme pure du livre, les polices d’écriture qui deviennent minuscules, sont absolument désagréables mais pourront servir pour les prochains tests visuels chez l’ophtalmo…

Sur le fond, le résumé est sans équivoque. Le Bêtisier des sites de rencontres nous promet des annonces authentiques et désopilantes. C’est le cas de le dire car pour prendre la température, j’ai consulté deux-trois blogs de personnes inscrites sur des sites de rencontre et qui relatent leurs expériences. Conclusion : ils remarquent tous le même style d’annonces, depuis l’existence de ce mode de communication.

Vous irez du poétique au plus cru, il y en a pour tous les goûts. Vous trouverez des lapsus, des réflexions drôles, des déviances, des personnes qui sont hors-sujet, des traits philosophes, de l’humour lourd. Des âmes à la recherche d’une sœur ou des corps en demande de sensations.

Mais pour la lecture, je vous conseille d’investir dans un décodeur : la fidélité aux annonces est telle que vous vous retrouvez face à des annonces incompréhensibles à cause d’une orthographe non pas approximative mais carrément hallucinante pour certaines annonces. Cela peut vous faire passer l’annonce. Et celle d’après, et la suivante encore, voire carrément vous faire fermer le livre. Cette redondance peut lasser. Dans le cadre de la critique, j’ai évidemment tout lu mais ce genre de livre appartient à la catégorie de ceux que l’on laisse traîner et que l’on lit morceau par morceau au risque d’attraper une indigestion. D’ailleurs, dans la voiture, mes compagnons de route aiment saisir une ou deux phrases au vol mais le referme assez rapidement.

Vous êtes amené à sourire, rire, être effrayé, dégoûté aussi. A l’image de la sexualité, en fait. Parce qu’il s’agit de quelque chose d’intime, de quelque chose que vous ne pouvez partager avec tout le monde. Dans ce livre, vous trouverez des personnes libérées, ouvertes d’esprit, ou présentant carrément des troubles relationnels. Exposer sa sexualité et des photos de cette façon, révèlent un aspect des sites de rencontre et de ceux qui y vont par curiosité. Vous trouvez là, les perversions des Hommes, le mal-être, la solitude, le désespoir. Cette face cachée que les publicités omettent de préciser sur leurs spots publicitaires. L’exhibitionnisme de ceux qui s’y inscrivent et le voyeurisme de ceux qui lisent.

D’ailleurs, ce bêtisier finit par me mettre mal à l’aise parce qu’il nous amène à nous moquer de personnes parfois instables et en souffrance. Nous rions du malheur des autres. Cela peut paraître rabat-joie effectivement, pourtant il s’agit bien de cela. Et, j’aurais aimé savoir ce que ces personnes ressentent lorsqu’elles découvrent qu’elles sont affichées et deviennent la risée de la société. Peu seront fières de cela, je pense. Cela enfoncera peut-être même leur sentiment de malaise tandis que ça « rassure » ceux qui lisent et se disent qu’ils sont au-dessus de ces gens.

Certes les poèmes sont parfois mièvres, maladroits, loin de notre belle littérature, mais il n’en reste pas moins que ce sont des personnes d’une grande sensibilité qui ont écrit, et qui pour certains n’ont pas grand chose qui les retient à la vie.
D’autres enchaînent les fautes d’orthographe, parce qu’ils n’ont peut-être pas eu un cadre et qu’elles sont liées à un manque d’instruction.
L’agressivité de certains propos met le doigt sur des personnes qui en ont peut-être bavé, et ne connaissent plus que ce mode d’expression.
Et la Solitude voit dans ces sites son unique chance, son unique espoir d’être acceptée par quelqu’un d’autres.

Alors oui, nous pouvons relancer le débat du « Peut-on rire de tout? » encore et encore. Mais de ce livre, je ne retiendrais qu’une seule phrase d’humour, celle que j’ai cité et une impression que nous avons besoin d’enfoncer les autres pour sortir la tête de l’eau nous-mêmes. Il existe beaucoup de citations sur cela, une m’a marqué :

Dire du mal des autres est une façon malhonnête de se flatter. Oscar Wilde

Et lorsque, au cours de mes recherches annexes, je suis tombée sur le genre de coaching qui vous apprend à rédiger vos annonces pour accrocher « tout ce que vous voulez » et qui commence par « Femme qui rit… » Je me dis qu’avec eux, nous aurons droit à bien d’autres bêtisiers…

Néanmoins, je suis contente d’avoir participé à ce partenariat entre le Forum The Imaginarium et La Musardine qui m’ont permis d’écrire cette critique et de réfléchir, une fois de plus, sur les relations humaines et ce qui nous lie…

Le Sexe et la Loi – Emmanuel PIERRAT

Thème

Quand Sexe et Loi font bon ménage…

PIERRAT, Emmanuel - Le sexe et la loi

Une citation

Mais certains tribunaux sont allés jusqu’à exiger que la porte soit fermée à clé et ont condamné les fautifs qui s’étaient laissés surprendre par un visiteur qui n’avait pas frappé…

Le Livre en quelques mots

Le Sexe et la Loi, il n’y a pas de mots plus évocateurs pour parler d’un thème. Mettez-y un ton léger pour servir une riche documentation, vous vous surprendrez à lire du Droit sans vous en rendre compte… et avec plaisir.

Ce que j’en ai pensé.

Un choix idéal de la couverture pour servir une symbolique : « Mon corps n’appartient qu’à moi! ». Mais comme pour toute loi, il y aura des transgressions, déviances, et tout autre terme. Il faut donc au moins ce livre pour comprendre toutes les intrications, tous les tenants et aboutissants de la relation ambiguë que la loi entretient avec le sexe à travers les âges et époques.

Ce qu’il y a de particulièrement savoureux dans ce livre? Le ton ironique servant les explications de la loi. Celles-ci, habituellement ennuyeuses dans les Codes, deviennent claires et concrètes grâce à des démonstrations par l’absurde, on va dire. Je me souviens encore de cette phrase selon laquelle il vaut mieux être zoophile que pédophile, nécrophile que violeur, voyeur que proxénète, voire désormais client de prostitué… L’auteur met une sacrée dose d’humour sur des sujets pas très sains. Vous aurez le luxe d’avoir de multiples anecdotes (dont certaines complètement hallucinantes!) pour illustrer les propos et apprendre énormément de nuances. Par exemple, si les hommes peuvent être accusés de viol, les femmes bénéficieront du chef d’accusation : attentat à la pudeur avec violence. Vous apprendrez aussi que si le but d’un viol est de vous soutirer de l’argent ou autre, il ne sera retenu qu’en élément matériel mais non poursuivi en tant que tel car ce n’était pas le motif. Autant de nuances qui jouent sur des affaires au niveau judiciaire mais qui du coup, posent question sur le ressenti de la Victime. Se sentira-t-elle aussi entendue ou se considérera-t-elle comme ignorée dans sa chair ? Ce livre porte tout un tas de réflexions de ce genre. Il vous pousse à vous questionner, à analyser et comprendre les mécanismes de la loi et les conséquences dans la vie.

Au-delà de petites fautes de frappe disséminées ici et là, l’écriture est agréable, fluide, légère et décomplexée. Elle sert complètement le sujet et le lecteur. Il met à la portée des données que j’aurais eu peine à chercher/trouver/comprendre aussi facilement. D’ailleurs, le découpage des parties ainsi que le sommaire des articles est logique et pratique, permettant de trouver aisément les réponses à mes questions.

Je remercie Emmanuel PIERRAT pour avoir effectuer un tel travail, les Editions de la Musardine d’éditer un tel livre et Au coeur de l’Imaginarium d’avoir proposé le partenariat.

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